la nature inspire
J’ai créé cette tapisserie à partir d’un morceau de rûche sauvage que j’avais trouvé lors d’une promenade près de Bergerac, sous un chêne séculaire…
L’objet en soi interroge. C’est mon père qui m’a dit :
« mais enfin Nicolas, c’est une rûche ! »
Moi ce qui avait retenu mon attention c’est que puisse se concentrer sur un si petit objet, des formes aussi complexes en une composition ultra sophistiquée.
J’ai voulu traduire cette forme à une échelle beaucoup plus grande et choisir un médium qui puisse être comparé à celui des abeilles qui construisent leurs rayons en juxtaposant des milliards de filets de cire…
La tapisserie s’est imposée, et j’ai choisi un tissage jacquard, c’est-à-dire mécanique, car je trouve intéressant d’abandonner à un process mécanique le soin de construire et d’interpréter le document d’origine en acceptant la part d’aléatoire qu’il contient et la poésie qui peut en découler. On associe pas tous les jours la machine à la poésie !
Et voilà donc ma rûche devenue cet « objet » flottant dans l’espace textile comme une météorite mystérieuse lévitant entre force et poésie.
Une tapisserie peut en cacher une autre…
Au revers de chaque tapisserie, j’ai fait tisser les premiers vers du poème latin d’Ovide, Les Métamorphoses…
“Mon esprit me porte à parler des formes changées en corps nouveaux.
Ô dieux, vous qui êtes responsables aussi de ces mutations, inspirez mon entreprise et accompagnez un chant qui aille sans interruption de la première origine du monde à nos jours.
Avant que n’existent la mer, la terre et le ciel qui couvre tout, la nature dans l’univers entier ne présentait qu’un seul aspect, que l’on nomma Chaos.
C’était une masse grossière et confuse, rien d’autre qu’un amas inerte, un entassement de semences de choses, d’éléments divisés et mal joints.”
OVIDE




